Du côté de la justice

Du côté de la justice, la prévention de la récidive est un objectif essentiel, c’est d’ailleurs l’une des finalités de la peine :

L’objectif des professionnels de la justice est de prévenir la récidive, protéger la société en travaillant sur les causes d’un passage à l’acte ainsi qu’à la réinsertion de la personne. 

Les pratiques des magistrats et des SPIP ont beaucoup évolué ces dernières années. Des rencontres ont lieu de plus en plus souvent entre les personnels soignants, les personnels d’insertion et de probation et les magistrats pour travailler ensemble à partir des problématiques et des besoins des personnes suivies au sein de leur ressort. Ces rencontres régulières sont encouragées par le ministère de la justice et se formalisent parfois par des protocoles de coopération qui respectent les obligations déontologiques de chacun. 

Quand il concerne des produits illicites, le soin est généralement entendu du côté judiciaire comme devant viser l’abstinence. En effet, la seule consommation de telles substances étant pénalement sanctionnée, une nouvelle consommation peut être synonyme de récidive au sens juridique du terme. Cependant, ce raisonnement évolue depuis quelques années au profit de l’appréciation de la dynamique dans laquelle se situe la personne. L’abstinence n’est plus le paradigme dominant et laisse place à des stratégies de réduction des risques.

Pour des produits licites, un lien de causalité entre la consommation et l’infraction est souvent supposé, voire établi par les professionnels judiciaires tandis que les professionnels de l’addictologie peuvent faire l’hypothèse d’une simple corrélation. 

Du point de vue judiciaire, le soin doit empêcher que la consommation ne conduise à une infraction et surtout entraîner une réflexion plus générale sur les problématiques de la personne. La temporalité de la justice étant souvent plus courte que celle du soin, cela peut générer des incompréhensions entre professionnels. Pour les professionnels judiciaires, la récidive d’une infraction pourra être vue sous l’angle de l’échec du soin (et donc de la mesure de soin obligé) alors que la compréhension de la situation sera différente du côté des professionnels de l’addictologie. 

Présenter et préciser ces concepts - et plus généralement les différentes terminologies utilisées par l’un ou l’autre secteur - est donc un préalable fondamental pour : 

• Échanger sur les objectifs de chacun (objectifs spécifiques, éventuels objectifs communs) ; 
• Réinterroger les représentations ; 
• Déterminer un langage partagé ; 
• …et poser, ce faisant, les bases de modalités communes de travail.