L’obsolescence d’une approche par produit

La notion d’addiction est une construction récente, datant du début des années 1990. S’il n’existe pas de définition consensuelle de l’addiction, l’une de celles les plus communément admises a été proposée par le psychiatre Aviel Goodman en 1990 : l’addiction est un « processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives ». 

La notion d’addiction consacre le dépassement d’une approche par produit au profit d’une approche ciblée sur les usages et sur la conduite. L’addiction permet de regrouper sous un même vocable un ensemble de produits et de comportements (jeu pathologique associé aux jeux de hasard et d’argent, cyberaddiction, etc.) qui jusqu’à présent étaient séparés, tant dans l’agencement des dispositifs de soins que dans le discours des professionnels. Cette terminologie rend également secondaire la distinction licite/illicite.

L’apparition du concept d’addiction est intrinsèquement corrélée aux recherches qui, à la fin des années 1980, ont mis en évidence le rôle central de la dopamine dans les mécanismes de l’addiction. Cette « théorie de la dopamine » a mis en exergue le fait que tous les comportements et les produits dont la consommation peut engendrer de la dépendance chez l’homme augmentent la libération de dopamine et ont donc un impact sur le système de récompense. 

Tous ces produits et comportements ayant un mécanisme neurobiologique commun sur le cerveau, il était plus pertinent de les considérer comme faisant partie d’une même « famille ». Toutefois, cette caractéristique commune n’abolit pas les effets spécifiques des différents produits.